Cinéma Mémoire,
le lieu du dehors
[Giulia Fabbiano]
En mettant au cœur de ses réalisations et de ses actions,
la problématique mémorielle en tant qu’objet et dynamique
résolument collectifs, Cinéma Mémoire pose par l’image
la question de la relation au passé et promeut la création
libre d’un espace d’apprentissage réflexif qui fait archive.
La lecture archivale que je propose du travail mené par le
collectif questionne l’« (en)JEu » du temps et la manière dont
il engage la confrontation des regards et des subjectivités
qui les portent aux mondes dans lesquels ces regards
et ces subjectivités sont pris. A partir d’une sélection de
documentaires et de textes produits dans le cadre du projet
Imagine, ainsi que des échanges avec des réalisatrices,
j’explore dès lors premièrement l’usage qui est fait du
passé, et le cas échéant de ses traces et de ses archives ;
deuxièmement la construction d’un héritage à transmettre
par le truchement de l’image qui observe, fixe et lègue.
Maîtresse de conférence en anthropologie à Aix-
Marseille Université, membre de l’Institut d’ethnologie
méditerranéenne, européenne et comparative (Idemec,
UMR 7307). Elle a soutenu une thèse sur les narrations
identitaires et mémorielles postcoloniales en France, publiée
sous le titre Hériter 1962. Harkis et immigrés à l’épreuve des
appartenances nationales (Presses universitaires de Paris
Nanterre, 2016). Depuis, ses recherches se concentrent
sur les usages du passé dans les pratiques de mobilité dans
l’espace méditerranéen ainsi que dans les expériences de
vie ordinaire dans l’Algérie contemporaine. Elle a participé
à l’écriture collective de L’Esprit de la révolte. Archives et
actualité des révolutions arabes (Éditions du Seuil, 2020) et
récemment co-dirigé Cheminements révolutionnaires. Un an
de mobilisations en Algérie 2019-2020 (Éditions du CNRS,
2021) et Algérie coloniale. Traces, mémoires et transmissions
(Cavalier Bleu, 2022).